Depuis la réforme de Bologne (la réforme LMD) et la mise en place de Masters et Masters spécialisés, l’offre pédagogique des institutions d’enseignement supérieur connaît depuis quelques années un renouvellement des plus intéressants. Et avec lui, c’est le visage même de ces institutions novatrices qui se redessine : plus internationales, plus ouvertes, plus collaboratives et plus professionnalisantes. Du programme Bachelor qui se met en place à l’Ecole Polytechnique en passant par ARTEM à Nancy, l’excellence académique reconnue de ces écoles s’enrichit de nouvelles formes d’apprentissage, sans doute plus interactives, collectives et créatives.
Le dispositif d’hébergement doit ainsi en être le reflet. Il doit être un creuset de la relation sociale qui forme les étudiants, futurs professionnels de haut niveau, futurs responsables dans la société qu’ils vont contribuer à bâtir.
Ces nouveaux modèles d’enseignement
qui se développent méritent un nouveau
modèle spatial.
Les résidences étudiantes sont trop tristes et trop ternes. Il est aujourd’hui temps de repenser le modèle et d’y infuser les réflexions contemporaines de pointe qui façonnent déjà nos nouvelles façons d’habiter, d’étudier, de travailler, de s’amuser. Fini l’isolement des étudiants, confinés habituellement dans de petits espaces disjoints. Place à la vie et à la communauté, en liant plusieurs cellules entre elles par des espaces partagés à la manière des collocations, et en offrant à l’ensemble des étudiants des services et des espaces communs. Ces espaces, qu’ils soient dédiés aux activités de cuisine, de lecture, de travail (de « coworking » !), d’expression artistique ou tout simplement de discussion et de détente, assurent dès lors une juste relation entre les sphères d’intimité et de vie commune. La résidence étudiante est un « open village » où l’étudiant choisit les lieux où il passe son temps, de sa cellule individuelle aux espaces communs, voire pour certains de ces espaces, ouverts aux autres groupes d’étudiants du campus. C’est un dispositif qui fait en quelque sorte écho au modèle du cluster qui accompagne aujourd’hui, du plateau de Saclay au campus ARTEM à Nancy, la réflexion sur l’organisation des campus et la perméabilité entre les différentes institutions d’enseignement supérieur qui les composent et leurs formations.
L’enjeu est d’autant plus fort pour de jeunes étudiants tout juste sortis de leur environnement familial. La richesse de cette période des études est l’occasion, outre la formation intellectuelle, de découvrir la vie sociale et de s’engager dans l’apprentissage de la vie en commun et la co-construction de valeurs humaines. La grande échelle des espaces de représentation comme les amphis, les cantines, les salles de classe n’y suffit pas pour de jeunes étudiants, venus de différents lieux du territoire national et même de l’international. Il faut aussi retrouver une échelle domestique, du quotidien, de la maison.
Nous portons depuis toujours une conviction et un engagement sur le rôle déterminant de l’espace partagé et de son identité culturelle pour composer les lieux de la vie contemporaine : lieux de travail, de formation, de culture ou d’hébergement.
C’est un vrai défi urbain sur le renouvellement de l’architecture comme facteur d’intégration des hommes dans leur environnement de travail, d’apprentissage et de vie. Le questionnement possible de l’amélioration du vivre et du partager ensemble anime notre réflexion, comme fondement des édifices que nous devons créer. Il s’agira alors ensuite de penser la visibilité du vide et du plein et de réaliser un travail minutieux sur la lumière comme outil architectural de composition.